Dans le centre du Mali, à Niono, le commissaire de la ville a été tué par la population. Au moins 22 personnes ont été blessées, dont quatre policiers, lors d’une manifestation, selon les autorités nationales. Les habitants réclamaient le départ de ce gradé de la police nationale.
Ce vendredi matin, la police quadrillait la ville de Niono.Selon une source judiciaire, les renforts sont arrivés de Bamako, à plus de 300 kilomètres au Sud, et non pas de Ségou, le chef-lieu de cercle le plus proche, situé à une centaine de kilomètres. « Les effectifs ne sont pas suffisants à Ségou », justifie cette source.
Le calme semble être revenu ce matin. Mais hier, des habitants furieux ont saccagé le commissariat, fracturé la porte de l’armurerie, emporté les armes et incendié deux véhicules de service, selon un communiqué du ministère de la Sécurité. Toujours selon ce communiqué, lors des heurts, le commissaire de la ville a été blessé à la tête, rattrapé par les manifestants, et tué par la foule. Selon un premier bilan, 22 personnes ont été blessées, dont 4 policiers qui sont encore dans un état critique.
Explosion de colère rare
Ce genre de mouvement populaire spontané est extrêmement rare dans la région à proximité de Ségou. À Niono, les habitants réclamaient depuis quelque temps auprès des autorités le départ du commissaire assassiné. Le policier était accusé d’exactions contre la population. Il avait même quitté la ville quelques jours. Selon Amadou Araba Doumbia, député de l’opposition de la circonscription de Niono, « c’est le silence et le mépris des autorités qui ont provoqué ces débordements. Il y a un mépris très fort de la population dont on ne prend pas en compte les préoccupations. C’est l’État qui est responsable de toutes ces violences, car un citoyen méprisé dans ses droits est capable de tout. »
Le désengagement de l’État est aussi l’une des causes de la crise sécuritaire dans la région voisine, celle de Mopti.
Pour l’alliance de la police nationale du Mali, le commissaire était en danger. Mais il n’y a eu aucune réaction de la part de ses supérieurs. Le secrétaire général du syndicat, Yaya Fofana, indexe en conférence de presse le ministre de la S écurité, Salif Traoré. « Qu’est-ce qui empêche la direction ? Est-ce un peu politique ? Qu’est-ce qui l’empêche de faire son métier ? C’est le laxisme des autorités. »
Le cercle de Niono est depuis deux ans en proie à l’insécurité du fait de la présence de groupes jihadistes dans la zone. Mais c’est la première fois selon une des autorités locales que Niono se révolte aussi violamment contre les représentants de l’État.
Rfi